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deux plumes sinon rien
4 mai 2009

pas encore de titre mais déjà un prologue

PROLOGUE
3 mai 2009, quelque part en Suisse à la frontière italienne.


La bâtisse immense barre la sinistre vallée telle une redoutable forteresse de l’esprit.
Sa toiture de tuiles plates et noires se confond dans la brume aux enfers de la forêt de sapins parsemés de hêtres chétifs et isolés en gardien feuillus d’un troupeau trop indocile à l’image de nos pensées lorsque dispersées elle peinent à garder leur attention fixée sur l’imagination nourricière. Si maigre, ici, de ces montagnes où tant de massacres ont rendu paraît-il le calcaire et la tourbe si sombre.
La neige tente de pousser ses doigts crochus au ras des murs. En vain, les douves habituellement si gaies l’automne venu, retiennent dans son eau glacée des semblants de glace et une vapeur gelée qui décore les lierres anciens d’une frange blanche d’hermine. Les lourdes chaînes du levis pendent tristes et molles abandonnant humides et rouillées, leur fière vigueur guerrière aux mains racornies des sœurs tourières au regard que l’on croit toujours méfiant alors qu’elles ne sont qu’attentives.

Il y a trop longtemps qu’ici on n’a plus abandonné de  nouveau-né à la loterie des seins si maigres et rances pour la chance dans la rusticité des hautes sphères de l’esprit et de la retraite perpétuelle.
Et pourtant alors que la clarté d’un jour trop faible lutte encore en vain contre les forces de la nuit, un cri s’élève, rond et sans retenue comme le sont les tours pointues maintenant désarmées qui menacent depuis des siècles la vallée et le monde entier dans un ultime péché d’orgueil empêtré enfin pour l’éternité dans la chaux des pierres.
Plus bas dans la plaine un vol de corneilles s’échappe surpris du champ de labours pour se réfugier dans de tristes peupliers.
Ce cri est douloureux, mais il est gai car il signifie la vie. Un nouveau-né hurle son droit de vivre à une probable nourrice maladroite en se moquant des mystères du lieu et de l’épaisseur des murs guère plus épais en fait que la croyances des âmes naïves.


Chapitre  I
(to be followed)

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