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deux plumes sinon rien
8 mai 2009

chapitre 1 plus gai..ou pas, on verra

Chapitre  I

50 ans plus tôt. Même endroit.
La 2CV conduite par les nonnesses se hisse péniblement dans les lacets compliqués de la vallée à l’assaut du vieux couvent. Assis à l’arrière le couple de sexagénaires autrichiens se demande s’il va arriver entier au pied du paradis très tyrolien dans les prospectus (ou in prospectibus ?) ou mourir dans un enchevêtrement de tôles made in Citroën.
La vieille bâtisse est à peine visible derrière les hauts sapins que personne n’entretient plus. Ces molosses de bois suffiraient à payer une Rolls-Royce aux forestiers du village de Spügtli un peu plus bas. Le fameux village emblématique des pauvres cultivateurs à la sauce équivalent du poujadisme hélvéto-autrichien.
Au détour d’un détour, la guimbarde s’immobilise devant un pont-levis baissé. Il est baissé depuis longtemps et ce n’est pas ce qui fait obstacle à la conductrice pourtant expérimentée. Non. C’est l’aspect vermoulu du pont de bois. La vieille chauffeuse constate que le bois humide est encore à l’ombre du soleil d’Est en cette fin de matinée. Du coup elle ne voit pas grand chose avec ses lunettes très épaisses. L’instinct de survie, ou de sacrifice, c’est selon lui commande en patois bavarois de descendre de la dedeuche et d’aller constater l’état du pont qu’elle a pourtant pris dans l’autre sens ce matin. La voiture grince sous l’effet de changement de poids et du changement de fesse d’appui des passagers arrières transis d’inquiètude sans trop de sincérité toutefois. Les poutres du pont grincent de contentement, mais ne cèdent pas. La cheffe de meute ne se laisse pas avoir au piège de Satan.
- Sortez s’il fout plait. Z’est plous proudent. Ordonne-t elle à ses protégés. De quoi ou plutôt de qui ? (nda : une certaine honnêteté m’oblige à traduire en français approximatif les dialogues locaux. C’est d’autant plus facile que la sœur essaie elle-même de parler en français avec ses visiteurs).

Les passagers subjugués n’ont aucune raison de ne pas obéir. Une autre sœur, et le couple descendent. Au devant d’eux se tient l’immense bâtiment. Ils ne peuvent s’empêcher d’être déçus et impressionnés par son état. Sa toiture de tuiles plates et moussues se confond aux frondaisons des sapins qui tentent d’en dévorer des morceaux. Monsieur sort de son sac à dos un appareil photographique d’Allemagne de l’Est dernier cri. Il ouvre l’opercule supérieur de son engin. Il donne un coup de manivelle pour amener la pellicule 6x6 au bon endroit. Il règle sa profondeur et la vitesse de déclenchement. Alors il peut photographier un peu de ces montagnes où tant de massacres ont rendu paraît-il le calcaire et la tourbe si sombre. La petite nonnesse ne peut s’empêcher de claquer des mains de joie. C’est une petite albanaise un peu naïve qui ne parle aucune langue connue, sauf celle connue de quelques aînées un peu versée dans des mœurs osées. Mais c’est pour le bien de tous, alors…

Les douves en ce début mai sont à moitié vide. La préposée au remplissage attend que le torrent situé à un petit mile d’ici se calme un peu avant de rouvrir l’écluse d’alimentation du couvent. En effet la petite dérivation creusé vers 1145 de notre ère par des esclaves bulgares athés pourrait trop vite se remplir de caillasse et se boucher. Le torrent en ce moment de fonte des neiges a trop de débit.

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Commentaires
C
plus inspirant...<br /> je déroule le fil de l'histoire pour tricoter quelque chose ce WE
deux plumes sinon rien
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